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Auteur : Éric Payet, Conseiller CAAP-MCQ
Parution : Journal Clic Aînés | Volume 4 | Numéro 2 | Mars 2025
L’âgisme, ou la discrimination fondée sur l’âge, représente un enjeu crucial dans le milieu de la santé aujourd’hui. Le Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes (CAAP) Mauricie-Centre-duQuébec, dont la mission est de soutenir les usagers dans l’exercice de leurs droits et l’expression de leurs insatisfactions concernant les services sociaux ou de santé, désire sensibiliser la population à ce phénomène, malheureusement bien présent. Il est primordial de respecter les droits et la dignité des usagers, peu importe leur âge, jeunes ou aînés. En plus de soulever ce problème insidieux et inacceptable, le CAAPMCQ propose des pistes de solutions concrètes pour tenter de minimiser les impacts de l’âgisme.
L’âgisme se manifeste par des stéréotypes et des préjugés négatifs, qui influencent la manière dont les jeunes et particulièrement des aînés sont perçus et traités dans la société. Dans le domaine de la santé, les conséquences de l’âgisme sont multiples : retards de diagnostic, traitement inapproprié, sous-évaluation de sa douleur, négligence, et ce, au détriment du bien-être et de la santé des aînés, mais également de la qualité des soins.
L’âgisme c’est se faire dire :
« À votre âge, il est normal d’avoir mal partout. »
« Vous êtes trop vieux pour ce traitement, de toute façon vous n’avez plus longtemps à vivre. »
« Les soins palliatifs, c’est une porte qui s’ouvre … »
L’âgisme c’est donner un traitement différent à cause de l’âge pour un même diagnostic.
L’âgisme, c’est déployer moins de ressources et d’efforts sur des maladies ou des domaines plus typiques aux personnes aînées.
Égalité de traitement : un mythe ?
Les services de santé sont-ils véritablement déployés de manière égale, indépendamment de l’âge ? Si l’on remplaçait un patient âgé par un enfant, est-ce que l’attention et les soins offerts seraient différents ? Trop souvent, les soins prodigués aux aînés sont perçus comme moins prioritaires, ce qui soulève des enjeux éthiques sur l’égalité de traitement. Cette comparaison met en lumière les préjugés inconscients qui influencent les pratiques cliniques et le rapport des soignants aux patients âgés.
Problèmes de santé minimisés
Certains problèmes de santé sont fréquemment banalisés lorsqu’il s’agit des personnes âgées. La douleur chronique, les troubles de la vision ou encore les troubles de la mobilité sont souvent sous-estimés. Un glaucome chez un enfant serait immédiatement traité comme une urgence, alors que chez un aîné, il est souvent perçu comme une conséquence « normale » du vieillissement. Ce type de minimisation réduit considérablement la qualité de vie des aînés et les expose à des complications évitables.
Disparités dans le personnel médical La comparaison entre le nombre de pédiatres et de gériatres est frappante : comment expliquer qu’il existe bien plus de spécialistes dédiés aux enfants que de professionnels dédiés aux soins des personnes âgées alors que la proportion de personnes âgées est beaucoup plus élevée. Cette disparité reflète-t-elle une forme d’âgisme institutionnel ? Il est essentiel de se pencher sur les raisons qui sous-tendent ce déséquilibre et d’explorer ses conséquences sur la qualité des soins offerts aux aînés. Une carence en gériatres pourrait-elle renforcer l’âgisme dans les pratiques médicales ?
Amélioration des services offerts aux personnes aînées
Bien que des services spécifiques existent pour soutenir majoritairement les aînés, comme le transport adapté ou les programmes de maintien à domicile, des lacunes importantes subsistent. Ces services sont souvent insuffisants, mal coordonnés ou inaccessibles pour une partie de la population âgée. Un effort concerté est nécessaire pour améliorer l’accessibilité aux soins, adapter les infrastructures et répondre aux besoins complexes de cette population. De plus, certaines initiatives locales et nationales commencent à voir le jour, comme le programme DIALOGUE du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), qui vise à lutter contre l’âgisme en changeant les perceptions associées au vieillissement par des interactions intergénérationnelles. Ces initiatives montrent qu’un engagement plus fort est requis pour faire une réelle différence.
L’âgisme dans le domaine de la santé est un problème systémique qui mérite une attention urgente. Les disparités dans les soins, la minimisation des symptômes et le manque de ressources spécialisées pour les aînés montrent que notre système de santé n’est pas encore adapté aux besoins d’une population vieillissante. Il est impératif de changer nos mentalités et nos pratiques afin d’assurer une prise en charge juste et équitable pour tous, quel que soit l’âge.
Pistes de solutions
Pour contrer l’âgisme, plusieurs pistes peuvent être envisagées. D’abord, il est crucial de sensibiliser et de former les professionnels de la santé à la réalité du vieillissement et aux besoins spécifiques des aînés. Ensuite, il est essentiel d’encourager une approche plus humaine, individualisée et exempte d’âgisme dans les soins. Le témoignage des patients âgés et de leurs familles doit être davantage pris en compte pour adapter les pratiques et améliorer les services offerts. De plus, la lutte contre l’âgisme passe aussi par l’éducation sur le vieillissement, afin de valoriser la diversité des expériences vécues par les personnes âgées.
Enfin, favoriser les interactions intergénérationnelles peut certainement aider à changer les perceptions et à réduire les stéréotypes associés à l’âge. Ces mesures aideront à transformer le système de santé pour qu’il soit véritablement inclusif et respectueux de tous, à chaque étape de la vie.
Finalement, il ne faut surtout pas hésiter à dénoncer les manifestations âgistes subies par les usagers dans le réseau de la santé et des services sociaux. L’âgisme n’y a pas sa place, comme nulle part ailleurs. L’âgisme étant une forme de maltraitance, le CAAPMCQ vous invite à faire une plainte si jamais vous croyez en être victime. Plus les usagers vont dénoncer les situations, plus on se penchera sur la question. N’hésitez pas à nous interpeller pour un accompagnement dans la formulation de votre plainte.
Éric Payet
Conseiller CAAPMCQ
Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes Mauricie-Centre-du-Québec (CAAPMCQ)
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