4805 Bd du Chanoine Moreau Trois-Rivières, (QC) G8Y 1S4
Infos : 819 697-314630 ans d'expertise et ça continue
Auteur : André Lecomte, président
Parution : Journal Clic Aîné | Volume 2 | Numéro 1 | Février 2021
Plusieurs commentaires, sous diverses formes, ont été formulés sur le déroulement et les effets de la pandémie en lien avec les personnes aînées. Des témoignages et des chroniques médiatiques se sont d’abord succédé relatant des situations scabreuses ayant eu lieu dans des RPA (Résidences pour Personnes Aînées) ou dans des CHSLD (Centre d’Hébergement de Soins de Longue Durée). Plus tard, des rapports de recherche plus élaborés ont commencé à circuler démontrant les lacunes des soins apportés aux personnes dans ces milieux de vie.
Déjà au fait des événements qui se sont succédés dans les résidences, la TAAAM (Table Action Abus Aînés Mauricie) n’a pu qu’assister impuissante devant toutes ces situations. Bien avant la COVID 19, nous savions pourtant et nous n’étions pas les seuls, que certains soins et services n’étaient pas rendus adéquatement. La pandémie a mis à jour les faiblesses du système de santé dans son rapport aux personnes vivant dans les milieux de vie de résidents pour aînés.
Entendons-nous d’abord sur une définition de la maltraitance organisationnelle qui fait consensus chez les principaux intervenants : « Toute situation préjudiciable créée ou tolérée par les procédures d’organisation responsable d’offrir des soins ou des services de tous types qui compromet l’exercice des droits et libertés des personnes ». Le spectre couvert par ce type de maltraitance est assez large. Il vise les services rendus de façon brusque, le déploiement de personnel mal qualifié, des directives mal comprises de la part de certaines personnes ou, carrément dans certains établissements, l’absence de règles claires.
Même avant la pandémie, la Protectrice du Citoyen avait dénoncé certaines pratiques s’apparentant à de la maltraitance organisationnelle. Elle relevait, entre autres, le manque chronique de personnel qui avait pour e‑et que certains soins de base n’étaient pas notés entraînant comme conséquence que le personnel prenant la relève ne savait pas que certains soins n’avaient pas été donnés. La pandémie a exacerbé ces situations.
Qu’en est-il maintenant en pleine pandémie ?
Attardons-nous brièvement au problème de structure organisationnelle dans les CHSLD. La Protectrice du Citoyen a publié un rapport d’étape en décembre dernier sur la situation dans les CHSLD. Elle attire l’attention du législateur et des citoyens quant au manque d’un leadership local dans chaque CHSLD. Nous savions déjà, par des témoignages, le manque de leadership dans la gestion de plusieurs de ces établissements. Qui est imputable ? Qui est responsable ? Comment s’assurer de la qualité de la gestion dans un tel contexte ? Voilà un bel exemple de maltraitance organisationnelle. L’établissement n’est pas en mesure de fournir des services adéquats. À ce chapitre nous pourrions aborder la question de la vétusté des locaux, issus d’anciens hôpitaux constitués de chambres communes, ce qui accroît, comme on le sait, les risques de transmission d’infection. La circulation des membres du personnel d’un établissement à un autre, relève aussi d’une organisation déficiente. Dans ce contexte, on souligne le manque d’attachement des résidents envers les soignants.
Ce dernier problème nous amène à aborder les soins directs aux résidents, ce que la Protectrice du Citoyen nomme les soins et services de première nécessité. En cette matière, elle a observé plusieurs lacunes. Elle signale que des soins d’hygiène, d’aide à l’alimentation et à la mobilité, l’hydratation ont été reportés ou tout simplement annulés. Soulignons aussi l’interdit de visite des proches aidants aux résidents qui a entraîné chez ces derniers et aussi chez les membres de leurs familles des situations d’insécurité d’abord puis de détresse et d’anxiété. Elle considère que les proches aidants devraient être envisagés comme de véritables partenaires du personnel soignant.
Comment en est-on arrivé là ? Ces quelques observations sur la situation des CHSLD nous obligent à constater que les réformes des dernières années ont été implantées en privilégiant le secteur hospitalier. L’accent a été mis entre autres sur les urgences. On a oublié tout le réseau des CHSLD. Était-ce par méconnaissance, par négligence ou que les résidents, ne parlant pas assez fort, ne constituent pas un électorat sur lequel les pouvoirs politiques peuvent compter en temps de campagne électorale… ?
Espérons que toutes ces situations vécues dans les CHSLD, les lacunes rencontrées à tous les niveaux, servent d’indicateurs pour des réformes rapides et profondes. Le Québec sait faire les choses en période d’urgence. Les derniers mois nous l’ont démontré. Déjà les décideurs ont pris conscience des problèmes et s’engagent à apporter des modifications. Le chantier sera vaste et il faut s’y engager. C’est ainsi que nous aurons éliminé toutes formes de maltraitance organisationnelle, ce à quoi les aînés en CHSLD ont droit et à quoi ils peuvent aspirer.